Résumé
Les économistes ont depuis toujours présumé que le comportement économique est fondé sur les choix de valeur individuels et collectifs, mais il est en outre supposé que ces choix sont essentiellement matérialistes du fait qu’ils cherchent à maximiser, au dessus de tout autre considération, l’utilité sociale et personnelle définies de façon égoïste. Le système économique actuel reflète cette présomption en cherchant à son tour à maximiser la productivité et la profitabilité à court terme. Cet article examine et soutient la thèse selon laquelle l’activité économique présuppose en réalité une moralité sous-jacente (souvent non-avouée) d’un genre plus fondamental, une moralité issue des choix de valeur que nous faisons quant aux aspects les plus fondamentaux des relations humaines et de l’existence humaine: l’honnêteté, la coopération, la souffrance, la compassion, etc. À la lumière de cette thèse, le capitalisme et le socialisme sont tous deux considérés comme moralement défectueux, bien que de façons quelque peu différentes. Le capitalisme est fondé sur le désir d’une consommation en croissance continuelle qui mène à des augmentations explosives (à vrai dire exponentielles) dans la production, mais uniquement quand certaines conditions sont remplies (par ex., un approvisionnement aisé en matières premières, un marché se développant constamment, etc.). Le capitalisme mène aussi à des extrêmes moralement inacceptables dans la distribution de la richesse (et donc des fruits de la production). Le socialisme cherche à attribuer une plus grande valeur à la satisfaction des besoins de l’ensemble de la population qu’à la satisfaction des désirs de quelques-uns, mais manque de stimulant adéquat dans la production et mène souvent à une coercition moralement inacceptable. Ces deux systèmes sont comparés au système bahá’í, qui cherche à lier l’activité économique directement et explicitement à sa moralité sous-jacente. Ce lien est accompli en mettant en évidence la primauté de la fonction spirituelle du travail, soit l’actualisation saine des capacités supérieures du soi par le service et la coopération avec autrui. Le système bahá’í réunit certains éléments du socialisme et du capitalisme et d’autres éléments nouveaux, et constitue une solution réellement pratique aux problèmes économiques actuels. Ainsi, la moralité grossièrement pragmatique sur laquelle reposent les systèmes économiques actuels est, en dernière analyse, moins praticable que la moralité sur laquelle est fondé le système bahá’í, tandis que la moralité bahá’íe est plus idéaliste mais en fin de compte plus satisfaisante.
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